À l’écart de la vitrine politique, Romuald Wadagni a longtemps été perçu comme le « ministre des Finances inflexible » au service de l’ombre présidentielle. Pourtant, depuis quelques mois, ce technocrate discret s’impose comme le candidat unique de la mouvance présidentielle (composée de l’Union Progressiste pour le Renouveau – UPR, et du Bloc Républicain – BR) pour la présidentielle de 2026. Désigné le 31 août 2025, à l’issue d’un choix « collégial », selon les partis dominants, ce tournant marque une étape inédite dans sa trajectoire politique. Mais derrière l’image officielle d’un « réformateur », se cache un parcours personnel et professionnel plus riche que beaucoup de Béninois ne l’imaginent.

Origines, formation et premiers pas dans le privé

Né en juin 1976 à Lokossa dans le sud-ouest du Bénin, Romuald Wadagni grandit au sein d’une famille valorisant l’éducation. Son père, Nestor Wadagni, spécialiste des statistiques et de l’économie, l’inculque très tôt aux rudiments de la rigueur et du sens de l’intérêt général.

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Sa scolarité le mène en France à l’École Supérieure des Affaires (Grenoble), d’où il sort diplômé en finance, avant d’obtenir les certifications comptables en France et aux États-Unis. Plus tard, un MBA de la Harvard Business School viendra renforcer ses compétences managériales.

Carrière chez Deloitte : une expertise en mission

Pendant 17 ans, Wadagni évolue chez Deloitte, d’abord à Paris puis en Afrique francophone, où il se distingue par la gestion d’audits complexes, notamment dans les secteurs minier, pétrolier, bancaire et des télécommunications. Il devient l’un des plus jeunes associés du groupe à 36 ans, supervisant la région Afrique francophone. Cette expérience multinationale, loin des projecteurs, forge son profil de gestionnaire rigoureux, apte à mobiliser des capitaux et redresser les structures financières.

Ministre des Finances depuis 2016 : réformes et crédibilité

C’est en avril 2016 que Patrice Talon le nomme ministre de l’Économie et des Finances. Reposé dans le second gouvernement (depuis 2021), il devient ministre d’État, assumant aussi la coopération internationale, notamment en matière de sécurité.

Parmi ses réformes majeures :

  • Assainissement des finances publiques : gestion proactive de la dette, remboursement anticipé d’obligations, émissions d’euro-obligations historiquement bien placées.
  • Croissance soutenue même en crise : malgré la pandémie, le Bénin maintient une croissance proche de 3,8 %, avec un rebond à 7,2 % en 2021. Moyenne projetée de 6,4 % de 2022 à 2026.
  • Transparence budgétaire : meilleur score parmi les pays francophones selon l’Open Budget Survey (79/100).
  • Notations internationales positives : amélioration progressive de la confiance des agences.

Le technocrate devient dauphin (2025)

Le 31 août 2025, la nouvelle est officielle : Romuald Wadagni est désigné candidat de la mouvance présidentielle(UPR + BR) pour l’élection de 2026. Un choix présenté comme consensuel, fruit d’une réflexion soigneusement orchestrée par les instances des deux partis. Ni primaire ouverte ni consultation à la base : les cadres et comités de sages ont évalué les profils des prétendants.

RFI et Jeune Afrique rapportent qu’il incarne désormais la continuité du programme « Bénin Révélé », piloté depuis 2016.

Ce que beaucoup ignorent encore de lui

Mentorat et discrétion

Romuald Wadagni mise sur un accompagnement discret de la relève béninoise. Il soutient, en coulisses, des jeunes professionnels via des bourses ou des réseaux, sans médiatisation.

Un amateur de jazz?

Certaines sources évoquent sa passion pour le saxophone et le jazz, qu’il entretient en appui discret à des initiatives culturelles locales, loin des projecteurs.

Sens éducatif

Il organise des séminaires fermés sur la gouvernance financière à destination d’étudiants et jeunes cadres, notamment à l’École Nationale d’Administration (ENA).

Enjeux et défis à venir

À 49 ans, Romuald Wadagni incarne désormais la transition technocratique vers le leadership politique, porteur d’un programme économique ambitieux : industrialisation du coton, renforcement des zones économiques spéciales, ajout de la dimension verte dans la planification économique.

Mais ce profil technique pose question dans un paysage souvent façonné par la proximité sociale et charismatique. L’un des défis cruciaux sera de mener une campagne rythmée, humaine, susceptible de rassurer les électeurs en dehors des bilans financiers.

Le parcours de Romuald Wadagni illustre une ascension méthodique, fondée sur l’expertise et la confiance présidentielle. Sa désignation comme candidat de la mouvance pour la présidentielle 2026 marque un tournant politique majeur. Moins connu pour son empathie que pour son efficacité, ce technocrate devra désormais conjuguer rationalité et proximité humaine pour transformer ses succès économiques en une vision politique rassembleuse.

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2 Commentaires

  1. […] Lire aussi:Bénin : ce que la trajectoire de Romuald Wadagni révèle du symbole de continuité […]

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