Le 15 septembre 2025, l’Assemblée nationale tchadienne a été secouée par une scène édifiante : au détour du débat sur une révision constitutionnelle, un député a proposé rien de moins qu’un mandat illimité pour le président. « Le pouvoir est une émanation divine », a-t-il lancé, estimant que l’organisation d’élections coûtait trop cher. Cette provocation, qui a poussé les parlementaires du RNDT-Le Réveil à quitter la salle, dépasse le simple incident. Elle soulève une question brûlante : que reste-t-il de l’idée d’alternance lorsque l’on sacralise le pouvoir au point de le soustraire à tout terme ?
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Une révision technique qui dérape
À l’origine, la quatrième législature examinait une proposition de loi constitutionnelle visant un allongement du mandat présidentiel de cinq à sept ans renouvelable. Déjà sensible, le sujet a pris un tournant explosif quand le député Tchoroma Mbang Woli a plaidé pour la présidence à vie, invoquant l’argument d’une « audace » politique et le coût des élections.
La riposte ne s’est pas fait attendre : le député Béral Mbaikoubou et ses collègues de l’opposition ont dénoncé une « dérive dangereuse pour la démocratie », rappelant l’importance de l’alternance républicaine.
Une tentation autoritaire récurrente
Cette sortie n’est pas un accident isolé. Elle révèle une tentation plus profonde : celle de transformer la stabilité recherchée en permanence imposée. En Afrique centrale et de l’Ouest, l’argument de la paix et de la continuité a souvent servi de prétexte à l’érosion des contre-pouvoirs. Allonger un mandat, puis justifier l’illimité, c’est fragiliser les institutions et vider la Constitution de sa substance.
Les échos au-delà des frontières
Si le propos a été tenu à N’Djamena, il résonne jusqu’à Lomé, Ouagadougou ou Brazzaville. Plusieurs pays connaissent déjà des révisions constitutionnelles « techniques » qui, de facto, repoussent les limites de l’alternance. L’expérience montre qu’un mandat sans terme n’apporte ni la paix durable ni la prospérité promise ; il nourrit au contraire la méfiance, l’exil des talents et parfois l’instabilité violente.
La vigilance citoyenne comme rempart
Le débat tchadien agit comme un signal d’alarme. Il rappelle que la démocratie ne se résume pas à un texte, mais à une culture politique : celle qui accepte la fin d’un mandat, la compétition pacifique et le renouvellement des élites. Les réactions indignées au Parlement montrent qu’une partie de la société reste attachée à ces principes. C’est cette vigilance, plus que toute clause constitutionnelle, qui demeure le véritable rempart contre la présidence à vie.
En conclusion, l’épisode tchadien n’est pas qu’une polémique passagère. Il illustre une bataille plus large entre deux visions : celle d’un pouvoir qui se veut éternel et celle, démocratique, qui reconnaît que nul n’est irremplaçable. Pour les citoyens d’Afrique francophone, l’enjeu est clair : défendre l’alternance aujourd’hui pour éviter la présidence à vie demain.
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